Ridha Menchaoui : Le tissage sur d’anciens métiers en voie de disparition
Ridha Menchaoui est né dans la Médina de Tunis où son père et son grand-père avaient officié en tant que patrons d’ateliers de confection. Son grand-père avait eu un atelier de confection de safsaris (voile traditionnel féminin) et son père, lui, le privilège de fabriquer les chéchias (couvre-chef national). Dans les années cinquante / soixante, il s’était converti au tissage.
Après son baccalauréat, Ridha étudie le droit et, sa licence de droit en poche il entre dans une entreprise où il occupe un poste à responsabilité.
Mais Ridha a soif de liberté et envie d’être son propre patron. Il se lance à son tour dans le tissage et crée son atelier dans le début des années 1980.
C’est en 1985 qu’il se lance dans le tissage de divers tissus d’ameublement.
Ridha aime expérimenter de nouvelles couleurs, de nouvelles techniques. Lorsque dans le début des années 1990 on vient le voir pour revisiter le tissage de la Fouta, ce carré de tissu traditionnel utilisé par les hommes dans les hammams, Ridha répond présent et se lance dans l’aventure.
Il réalise différents essais et on peut dire aujourd’hui que Ridha a contribué dès les années 2000 au développement et au succès de la Fouta en Tunisie et plus récemment à l’international.
La passion du tissage
Ce qui différencie le travail de l’atelier de Ridha de celui de bon nombre de tisserands en Tunisie c’est son mode de tissage.
Ridha utilise d’anciennes machines à tisser, des machines à navettes, qui permettent un tissage bord à bord. Ce sont des machines semi-artisanales : l’intervention de l’homme est encore nécessaire pour monter les bobines de fils, surveiller d’un oeil attentif que le tissage se fait sans accroc et changer les bobines de fil quand le motif le nécessite. Ce tissage bord à bord est la garantie de ne pas avoir dans les tissus confectionnés dans son atelier, de lisière plate qui gondole.
Par ailleurs, l’atelier de Ridha est l’un des seuls ateliers à pouvoir proposer le tissage de petites séries sur commande. Ceci garantit que le produit que vous avez entre les mains ne se retrouve pas dans celles de milliers d’autres personnes.
Malheureusement l’entretien de ces machines devient délicat; les pièces de rechange sont rares, donc chères. Sans aucun soutien pour le maintien de ce tissage semi-artisanal, il est probable que celui-ci disparaîtra au profit du tissage industriel.
Comptoir Azur et Ridha
J’ai rencontré Ridha pour une commande personnelle d’un tissu d’ameublement. Je savais ce que je voulais : un tissu en coton et des couleurs en harmonie avec la pièce où je voulais utiliser ce tissu. Ridha m’a proposé de faire des essais et j’ai particulièrement apprécié de travailler sur le choix des couleurs, des rayures, réaliser les tests avec un artisan derrière la machine à tisser.
Quand j’ai lancé mon projet, j’ai consulté Ridha et lui ai précisé mon objectif. Celui-ci était de réaliser avec lui des modèles de tissage un peu différents de ce qu’on avait l’habitude de voir. Ridha a eu envie de me suivre et nous avons travaillé conjointement au tissage de belles pièces en pur coton.
Nous échangions nos idées et nos avis sur la matière, les couleurs. Il m’apportait son expertise en matière de tissage. Ainsi sont nés ces produits vendus sous la marque Comptoir Azur : des produits résultant du talent d’un artisan passionné et de mon goût pour les belles choses et l’harmonie des couleurs.
Références de Ridha Menchaoui
Ridha fournit les plus grands hôtels tunisiens en tissus d’ameublement. Sa production de Foutas s’exporte en France et en Italie, toujours dans des modèles différents.
